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Comment schneider electric réduit la consommation énergétique des usines grâce à l'edge computing

Comment schneider electric réduit la consommation énergétique des usines grâce à l'edge computing

Depuis que je couvre les transformations de l'industrie, une question revient souvent : comment réduire significativement la consommation énergétique des usines sans sacrifier la production ni investir des millions dans des usines entièrement nouvelles ? Récemment, j’ai observé une réponse concrète à cette question chez Schneider Electric, qui combine l'edge computing, des capteurs avancés et des logiciels d'optimisation pour rendre les sites industriels beaucoup plus efficients.

Pourquoi l'edge computing change la donne pour l'énergie industrielle

On a longtemps compté sur le cloud pour centraliser les données et la supervision. Le cloud reste essentiel, mais l'arrivée de l'edge computing — c'est-à-dire le traitement local des données au plus proche des sources — permet d'agir en temps réel sur des flux énergétiques. Pour une usine, cela veut dire : détecter une anomalie, ajuster un processus ou optimiser la consommation d'une machine en quelques millisecondes plutôt qu'en quelques minutes ou heures.

Chez Schneider Electric, l'approche est pragmatique : on ne remplace pas tout, on équipe. On installe des capteurs IoT sur les machines critiques, on place des calculateurs edge au niveau des lignes de production et on y déploie des algorithmes qui savent interpréter les signaux pour réduire la consommation sans compromettre la qualité.

Les leviers concrets utilisés par Schneider Electric

  • Mesure granulaire : capteurs sur moteurs, compresseurs, chaudières et éclairage pour mesurer la consommation en temps réel et identifier les pics inutiles.
  • Traitement local : plateforme edge qui exécute des modèles d'IA légers pour prévoir la demande et ajuster les paramètres machines.
  • Contrôle en boucle fermée : actionneurs qui modifient immédiatement les réglages (vitesse, pression, température) sans passer par un aller-retour cloud.
  • Orchestration hybride : synchronisation locale-cloud pour optimiser à la fois la réactivité et l'analyse historique/stratégique.
  • Maintenance prédictive : détection précoce des dérives qui consomment plus d'énergie (roulements usés, filtres colmatés, calibrations hors tolérance).

Un exemple typique : optimiser un compresseur d'air

Les compresseurs représentent souvent 10 à 20 % de la consommation électrique d’un site industriel. J'ai vu une mise en œuvre chez un site de production où Schneider a équipé la chambre de compression avec capteurs de pression, de température et de vibrations, reliés à un nœud edge. Le système a appris les cycles réels de production et a restructuré le fonctionnement :

  • réduction des rotations inactives en associant flux de production et disponibilité des compresseurs ;
  • arrêt automatique des unités redondantes en période creuse ;
  • réglage fin de la consigne de pression en tenant compte de la variabilité réelle de la demande.

Résultat : une baisse de consommation spécifique du compresseur de l'ordre de 15 à 25 % selon les cas, sans investissement majeur dans de nouvelles machines.

Edge vs cloud : pourquoi ne pas tout centraliser ?

La tendance à analyser tout dans le cloud pose deux problèmes pour l'optimisation énergétique en usine :

  • latence — perdre des secondes peut empêcher de corriger un pic énergétique au bon moment ;
  • résilience — une coupure réseau rend la supervision centrale inefficace, alors que l'usine doit continuer à opérer.

En plaçant l'intelligence là où se produisent les phénomènes (sur l'edge), Schneider Electric permet des décisions locales, rapides et sûres. Le cloud reste utilisé pour l'agrégation, l'analyse long-terme et l'amélioration des modèles, mais le pilotage temps réel se fait en périphérie.

Quels gains réels sur la facture et l'empreinte carbone ?

Les gains varient selon l'industrie et l'état initial des installations, mais voici des ordres de grandeur que j'ai pu recenser :

Source d'économie Réduction typique
Compresseurs et moteurs électriques 10–25 %
Chauffage, ventilation et climatisation (HVAC) 15–30 %
Éclairage (LED + gestion intelligente) 40–60 %
Process thermique (optimisation de four, chaudière) 5–20 %

Concrètement, pour une usine moyenne en Europe, l'intégration d'une plateforme edge et la rationalisation des consommations peut ramener la facture électrique annuelle de plusieurs centaines de milliers d'euros à un niveau notablement inférieur, tout en réduisant l'empreinte CO2 associée. Ce n'est pas une promesse magique mais une accumulation d'optimisations à tous les niveaux.

Intégration et écosystème : ce que j’ai observé

Schneider Electric ne se contente pas de vendre des boîtiers edge. Ils proposent un écosystème complet : capteurs, automates (PLC), solutions de supervision (EcoStruxure), services cloud et partenariats pour l'IA. Ce qui m'intéresse, c'est la modularité : on peut commencer petit (pilotage d'une ligne) et étendre progressivement à l'ensemble du site.

Autre élément clé : l'industrialisation du déploiement. Schneider a développé des modèles reproductibles, des packages d'implémentation et des outils d'onboarding qui réduisent le temps de mise en service. Cela diminue le risque perçu par les directions industrielles et facilite l'adoption.

Freins et limites à connaître

Rien n'est parfait. Voici les obstacles que j’ai pu constater :

  • Hétérogénéité des équipements : les sites anciens ont des milliers d'équipements non connectés, ce qui complique la collecte de données.
  • Compétences internes : l'exploitation d'une architecture edge + cloud nécessite des profils hybrides (IT/OT) encore rares.
  • Cybersécurité : multiplier les points de connexion exige une stratégie de sécurité robuste pour éviter les intrusions qui pourraient perturber les processus.
  • ROI et priorisation : il faut choisir les priorités — optimiser un four ou le système d'éclairage ? Le bon diagnostic est déterminant.

Ce que je recommande aux industriels qui veulent s’inspirer

  • Commencer par un audit énergétique détaillé et identifier les gros consommateurs (moteurs, compresseurs, HVAC).
  • Tester une solution edge sur un périmètre pilote pour mesurer les gains réels, pas seulement les gains théoriques.
  • Prévoir une montée en compétences interne (formation IT/OT) et s’appuyer sur des intégrateurs expérimentés.
  • Intégrer la cybersécurité dès la conception, pas après coup.
  • Utiliser un modèle hybride cloud/edge : local pour la réactivité, cloud pour l'analyse à long terme.

En fin de compte, l'edge computing n'est pas une simple mode technologique : c’est un levier pratique pour abaisser la consommation énergétique des usines lorsque l'on combine capteurs, intelligence locale et orchestration. Schneider Electric ne réinvente pas la roue, mais il assemble les bons composants dans un format industrialisable — et c'est cette combinaison pragmatique qui permet d'obtenir des économies mesurables et rapides.

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